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Publié le par APELE

 

 

 

 

Article paru dans l'Est Républicain le 24 janvier 2011

La justice européenne au secours du hamster d’Alsace

Nancy. Les amis du grand hamster d’Alsace marquent des points. Dans l’avis qu’il vient de rendre, l’avocat général de la Cour européenne de justice, estime en effet que la France a manqué à ses obligations pour la protection de ce rongeur en voie de disparition.

« Si des mesures agro-environnementales ont été prises, en 2008, en faveur du grand hamster, elles restent incomplètes à cette date », a soutenu Juliane Kokott, dans le cadre de cette instance introduite par la Commission européenne, qui a saisi la Cour de justice pour manquement à une loi sur la protection des espèces protégées.

Selon Bruxelles, la France n’a pas, comme l’exige la réglementation de l’Union, pris toutes les mesures pour instaurer un système de protection strict de ce mammifère dans son aire de répartition naturelle qu’est l’Alsace, en interdisant la détérioration ou la destruction des sites de reproduction ou des aires de repos.

Certes, l’avis de l’avocat général n’est pas contraignant, mais dans 80 % des affaires les juges de Luxembourg vont dans le même sens que lui quand ils rendent leur arrêt. Si bien que si le tribunal suit ses recommandations, la France risque d’être condamnée à une lourde amende. De quoi satisfaire les associations de défense mobilisées pour assurer la survie de l’animal. Même si cela risque de ne pas directement changer grand-chose au sort du petit mammifère, désormais présent uniquement en Alsace, notamment autour de Strasbourg. Pourtant, Cricetus cricetus, son nom savant, a longtemps pullulé dans la plaine d’Alsace. Au point qu’en 1937, l’espèce, accusée de dévaster les cultures, est classée comme nuisible, et chassée.

Quelques résultats encore trop timides

C’est la pression de l’urbanisation, l’évolution de l’agriculture vers le « tout maïs » (plus de 80 % des terres cultivées aujourd’hui) au détriment des céréales d’hiver et notamment de la luzerne, un de ses aliments favoris, qui ont bien failli faire totalement disparaître le grand hamster, victime aussi de la prédation naturelle.

Trois élevages ont bien été créés en vue de renforcer les populations sauvages. Ils abritent actuellement 650 animaux, explique sur son site l’association Sauvegarde Faune Sauvage. Au printemps dernier, 200 ont été relâchés dans la nature. « Hélas, cela ne suffit pas à restaurer les populations », constate de son côté Frédéric Burner, le président de l’APELE, l’association pour la protection de l’environnement de Lingolsheim et environs. « On n’obtiendra rien sans restaurer l’habitat des rongeurs. »

Deux plans d’action ont été mis en œuvre en ce sens. Ils prévoient en particulier des conventions signées avec les agriculteurs volontaires, qui, en échange du maintien, de leurs revenus, s'engagent à diversifier leurs cultures en introduisant orge, luzerne, blé, tournesol en plus du maïs. De même en amont de grands chantiers, la présence des hamsters doit-elle être prise en compte. Ce n’est pas toujours évident et vaut aux associations de défense quelques bras de fer avec les porteurs de projets. et les aménageurs

Quelques timides résultats ont cependant été enregistrés. L’association Sauvegarde Faune Sauvage, qui a participé au comptage des terriers organisé par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, en a recensé 480, sur 25 communes, contre 300 en 2009. « C’est bien, mais on est encore loin, très loin du seuil de survie de l’espèce estimé à 1.500 individus », poursuit Frédéric Burner.

La marmotte d’Alsace, comme on surnomme aussi le rongeur, même si elle a l’oreille des juges européens, n’a pas encore gagné la partie.

Bruno SUSSET

 

 

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